A. Furger u.a.: Die römischen Siegelkapseln aus Augst und Kaiseraugst

Cover
Titel
Die römischen Siegelkapseln aus Augst und Kaiseraugst.


Autor(en)
Furger, Alex; Maya, Wartmann; Emilie, Riha
Reihe
Forschungen in Augst 44
Erschienen
Augst 2009: Schwabe Verlag
Anzahl Seiten
252 S.
Preis
URL
Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
Michel Feugère

Poursuivant le travail entrepris sur les petits objets d’Augst par Emilie Riha, les auteurs publient avec ce volume le premier ouvrage qui ait jamais été consacré aux boîtes à sceau : c’est dire la place de premier plan qu’occupent, depuis de nombreuses années maintenant, les Forschungen in Augst dans la bibliographie scientifique sur le petit mobilier. Les 138 objets du site regroupés pour cette étude ne forment pas une série très nombreuse, mais comme pour les autres catégories elle est abordée ici de manière exhaustive, avec une étude complète des diverses interprétations fonctionnelles, un catalogue détaillé et enrichi de contextes stratigraphiques, des analyses scientifiques.

Après de nombreuses interprétations erronées, les boîtes à sceau ont finalement été reconnues, dès la fin du 19e s., comme des accessoires liés à l’écriture : elles servaient à sceller un document écrit pour garantir son origine. Leur usage ne peut cependant faire l’objet, à l’heure actuelle, que de suppositions liées à l’iconographie, la répartition géographique ou encore la chronologie de ces objets, éclairées par de rares textes antiques. On peut penser, entre autres choses, à la fermeture de testaments ; mais d’autres usages peuvent être envisagés.
L’ouvrage débute par un exposé détaillé de l’histoire des recherches et des caractéristiques fonctionnelles des boîtes à sceau, replacées dans le contexte plus large des pratiques de scel dans l’Antiquité : d’autres objets semblent en effet avoir protégé des sceaux de cire, comme les fermetures en os ou en bois, désormais attribuées à des boîtes parallélépipédiques en vannerie (Fig. 13)1 . Ces boîtes, ainsi que, d’une manière générale, l’abondance des bagues à intailles sur les sites archéologiques, montrent que l’usage du sceau de garantie était une pratique très répandue dans l’Antiquité romaine (p. 27s.).

Pour autant, la répartition de ces objets pose en elle-même un problème d’interprétation : pratiquement absentes d’Italie (où on ne les rencontre guère en abondance qu’à Aquileia), les boîtes à sceau sont très rares au Sud et à l’Est de la Méditerranée. A l’heure actuelle, presque toutes les cartes de répartition montrent une concentration dans les provinces nord-occidentales de l’Empire (p. 34s.) : cette répartition pose problème, car elle suppose que l’usage auquel était lié ces objets n’était pas également répandu dans l’Empire, ou alors qu’il connaissait des variations régionales. Une piste intéressante, peut-être même une solution, est apportée par la suggestion que la cire utilisée pour cacheter au Nord-Ouest de l’Empire est remplacée à l’Est et au Sud par l’argile, ce que confirme en effet l’archéologie (p. 37).

Outre ses bornes géographiques, l’utilisation de boîtes à sceau est un phénomène limité dans le temps puisque les contextes disponibles concernent une période allant du 1er s. av. n. ère aux années 260/280 apr. J. C. Il semble que les boîtes à sceau, et donc peut-être leur fonction, disparaissent juste après la chute du limes, à la faveur des bouleversements consécutifs aux invasions et troubles de la fin du 3e s.

Grâce aux nombreuses découvertes, la forme des boîtes à sceau est un aspect bien documenté, bien qu’on ne dispose pas encore pour ces objets d’une typologie générale. Celle-ci semblerait, pourtant, accessible dans la mesure où les objets sont très normalisés et largement diffusés. Prudemment, comme leurs prédécesseurs, les auteurs préfèrent s’en tenir à la définition de grandes catégories. L’entreprise, néanmoins, n’est pas sans risque, comme le montre l’un des premiers types étudiés, « en forme de langue » (« zungenförmig »), parfois décrit comme « en forme de bourse ». Il s’agit du type précoce, connu en os et en bronze, le premier attesté vers 100 av. n. ère dans l‘épave romaine de Spargi, le second attesté dans de nombreux contextes laténiens tardifs et augustéens. Mais le tableau de la page 53 montre une distribution chronologique étrange, le type disparaissant totalement dans les années 20/40 pour réapparaître vers 80/100.

A mon avis, cette anomalie chronologique vient de la confusion de deux types : le modèle précoce, disparaissant en effet à l’époque augustéenne à la faveur de plusieurs nouveaux modèles, en particulier les boîtes rectangulaires et rondes ; et un type que je préfère appeler ovale (fig. 24,3–6), portant fréquemment sur le couvercle un ou deux bustes de type impérial. Les deux formes sont certes proches, à la fois par leur technique (tôle martelée) et leur décor (reliefs estampés) ; mais sur le modèle récent, dont le sommet n’est jamais rectiligne, la charnière étroite utilise fréquemment une patte ajourée pour le passage de l’axe et repliée sur le couvercle, ce qui permet de le repérer à coup sûr. Le décor de ces boîtes, qui renvoie parfois à une iconographie officielle des Flaviens, permet en effet de les dater de la fin du 1er et du 2e s., mais il ne s’agit pas du même type que la boîte précoce « en forme de langue ». De ce fait, les commentaires et cartes de répartition du « type 1b » (p. 50–52) doivent être révisés. Par ailleurs, un fond de Siscia classé dans le groupe 6 (fig. 52,4) appartient très certainement à ce type.

Le groupe 2, « boîtes à sceau en forme de feuille », regroupe lui aussi des productions très diverses, étamées ou émaillées, avec ou sans ornement riveté (fig. 27), qui sont du reste étudiées séparément (cartes fig. 32–34). Il y a là plusieurs séries que les contextes d’Augst permettent de dater assez précisément, même si on peut s’attendre à ce que la stratigraphie d’une ville occupée pendant trois siècles livre une proportion non négligeable de mobilier résiduel. Plus surprenante est la découverte d’une boîte émaillée (no 27) dans un contexte des années 30–50, une datation qui semble vraiment précoce pour la technique employée. Les groupes 3 (boîtes losangiques), 4 (triangulaires et polygonales) et 5 (rondes) sont étudiés selon les mêmes principes, en passant en revue les variantes attestées pour chaque type de décor. Toutes les cartes de répartition présentent peu ou prou la même image : fortes densités en Bretagne, Gaule et Germanie, avec parfois une concentration notable vers l’embouchure du Rhin, où les inventaires de T. Derks et N. Roymans se sont avérés particulièrement profitables2. On ne peut cependant affirmer que cette concentration d’objet n’est pas due à une approche différente des autres régions, notamment en ce qui concerne les relations avec les prospecteurs amateurs utilisant un détecteur de métaux. Les archéologues néerlandais ont en effet mis en place un système de relations avec les détectoristes qui s’avère très performant, comme le souligne du reste T. Derks dans son compte-rendu de ce même ouvrage3. Cette différence suffit-elle à expliquer l’abondance des objets dans cette région ?

Les résultats de l’étude technique des boîtes à sceau d’Augusta Raurica, effectuée en laboratoire au Landesmuseum de Zurich, sont naturellement utilisés et discutés dans les différents chapitres du livre ; mais les auteurs ont tenu à donner in extenso (p. 115–138) les rapports détaillés pour chaque objet analysé, ce qui s’avère un peu fastidieux bien que l’approche soit novatrice pour cette catégorie. Elle ne semble pas, pour autant, avoir été en retour réinjectée dans l’analyse typologique, alors qu’on pourrait s’attendre à ce que des détails techniques, voire des compositions, permettent de distinguer des types d’aspect extérieur très voisin.

Le catalogue extrêmement détaillé (p. 147–170) et à consulter en parallèle avec les planches, dont les 15 premières figurent elles aussi avec beaucoup de détail (3 vues photo couleur et dessins à la même échelle, avec parfois une reconstitution graphique en couleur …) le mobilier d’Augst publié ici. Il est suivi d’une quantité impressionnante de listes, établies à partir de la bibliographie publiée ainsi que des objets repérés sur les forums internet, et qui ont servi à dresser les cartes données pour chaque type. L’ensemble forme une documentation impressionnante qui, très clairement, pose les fondations de toute recherche à venir sur les boîtes à sceau.

On s’aperçoit en effet aujourd’hui (et les auteurs le notent eux-mêmes à propos des fibules de la fig. 28) que plusieurs catégories de petits objets de la vie quotidienne présentent des affinités techniques et stylistiques, probablement dues à la proximité, si ce n’est l’identité des ateliers dont ils sont issus. Si les fibules constituent naturellement la première catégorie qu’on ait envie de rapprocher des boîtes à sceau, c’est également le cas des fermetures émaillées de sacoches, récemment définies4. A travers les rapprochements entre ces productions contemporaines, c’est donc une nouvelle piste de recherche qui s’ouvre pour comprendre les pratiques artisanales et culturelles d’une époque.

Les auteurs ont bien vu que, malgré les limites inhérentes à l’utilisation de ce critère, il n’y a guère d’autre choix que de proposer un classement basé sur la forme de la boîte. Leur classification en 7 groupes peut donc être globalement adoptée, à condition de transférer une partie des boîtes de leur groupe 1b en 7 (boîtes ovales). Cette classification en 7 groupes peut se résumer sur le tableau fig. 1

Pour le reste, les subdivisions auraient probablement demandé à être plus précises : difficile, en effet, pour ne prendre que leur première planche, de considérer comme un seul type (2a) les boîtes à phallus riveté étamé et émaillées. Leur forme diffère légèrement, et les techniques encore davantage. Pour le type 2b, boîtes en forme de feuilles, émaillées sans décor riveté, les décors sont également divers … mais que faire ? Classer ce qu’on connaît aujourd’hui, au risque de fixer trop tôt une nomenclature qui devrait être révisée demain ? Les auteurs semblent avoir été conscients de l’écueil dans lequel aurait abouti la distinction de toutes les formes par des numéros, alors que la morphologie des boîtes est encore mal connue et que de nouveaux modèles apparaissent encore chaque année sur le net … Cette prudence les honore ; mais de ce fait, les listes p. 171–185, qui représentent un énorme travail d’inventaire, doivent être utilisées avec parcimonie. Plusieurs d’entre elles regroupent des formes que les recherches ultérieures devront sans doute envisager séparément.

Avec 138 objets, Augusta Raurica n’est probablement pas le site romain à avoir livré le plus grand nombre de boîtes à sceau. Mais il devient, grâce à ce livre, celui dont est publiée à ce jour la plus grosse série de ces objets. L’ouvrage témoigne des changements intervenus depuis trois décennies : jusqu’aux années 70, nombre d’archéologues ignoraient la nature de ces curieuses petites boîtes et leur destination. Aujourd’hui, on leur consacre un livre, et par l’ampleur de la documentation mise en œuvre, ce dernier dépasse de beaucoup l’intérêt (pourtant de premier ordre) de la série locale. Il s’agit donc d’un ouvrage fondateur, comme on en voit peu, et à ce titre il sera désormais incontournable pour toute étude à venir sur les boîtes à sceau : il faut remercier les auteurs d’avoir si bien défriché ce terrain, pour le plus grand bénéfice de la communauté scientifique.

1 M. Feugère, Cistes en osier à verrou d’os. Instrumentum 14, déc. 2001, 24–26.
2 T. Derks/N. Roymans, Seal-boxes and the spread of Latin literacy in the Rhine delta. In : A.E. Cooley (ed.) Becoming Roman, Writing Latin ? Literacy and Epigraphy in the Roman West. Journal of Roman Archaeology, Suppl. Series 48, 87–134. Portsmouth, Rhode Island 2002 ; T. Derks/N. Roymans, Siegelkapseln und die Verbreitung der lateinischen Schriftkultur im Rheindelta. In : Th. Grünewald/S. Seibel (Hrsg.) Kontinuität und Diskontinuität. Germania inferior am Beginn und am Ende der römischen Herrschaft. Ergänzungsbde. z. Reallexikon d. German. Altertumsk. 35, 242–265. Berlin/New York 2003.
3 T. Derks, Seal-boxes in context : a new monographic study from Augst. Journal of Roman Archaeology 23, 2010, 722–727.
4 Th. Boucher, Un nouveau type d'attaches romaines : les appliques à anneau pivotant et tenons en « T ». Instrumentum 28, déc. 2008, 21–27.

Zitierweise:
Michel Feugère: Rezension zu: Alex Furger, Maya Wartmann und Emilie Riha, Die römischen Siegelkapseln aus Augst und Kaiseraugst. Forschungen in Augst 44. Augst 2009. Zuerst erschienen in: Jahrbuch Archäologie Schweiz, Nr. 94, 2011, S. 308-309.

Redaktion
Autor(en)
Beiträger
Zuerst veröffentlicht in

Jahrbuch Archäologie Schweiz, Nr. 94, 2011, S. 308-309.

Weitere Informationen
Klassifikation
Region(en)
Mehr zum Buch
Inhalte und Rezensionen
Verfügbarkeit